- TILLITES
- TILLITESTILLITESL’importance de la reconnaissance des glaciations anciennes (antérieures au Quaternaire) dans la reconstitution des paléoclimats ainsi qu’en stratigraphie est telle qu’à la fin du XIXeet au début du XXe siècle il y eut une mode consistant à attribuer une origine glaciaire à des dépôts ressemblant aux formations morainiques quaternaires ou actuelles. Une vive réaction de scepticisme, tout aussi exagérée que la mode elle-même, s’ensuivit.Actuellement, pour établir la nature glaciaire d’un sédiment, on considère qu’il est nécessaire d’avoir convergence de plusieurs critères.En dehors des caractères sédimentologiques des dépôts eux-mêmes, la présence, sous des dépôts de type morainique, de planchers glaciaires plus ou moins polis avec des systèmes de cannelures et de stries, ainsi qu’avec des traces d’arrachement transversales, est un bon critère.Malgré la rareté des paléomorphologies glaciaires, vallées, verrous, drumlins, etc., et leur reconnaissance souvent difficile, certaines glaciations nous montrent de tels reliefs sous des moraines.Ces arguments permettent d’asseoir les caractères glaciaires que les dépôts possèdent par eux-mêmes. Ces formations sont dites tillitiques, d’un terme général qui englobe principalement les moraines de fond non stratifiées (till stricto sensu) et quelquefois aussi les dépôts morainiques dérivés, plus ou moins stratifiés, lessivés. Le terme de moraines s’emploie plutôt pour la position et la morphologie du dépôt, celui d’argile à blocaux désigne un cas particulier de till ou tillite caractérisé par la présence de blocs dans les argiles.Les tillites sont des roches conglomératiques consolidées (tillites stricto sensu) ou non (tills) marquées par les caractères suivants:– l’absence de classement des fragments grossiers, la possibilité de toute combinaison de dimensions variant entre 99 p. 100 d’argile et 99 p. 100 de gros blocs;– l’absence de stratification ou de litage, mais les cailloux sont souvent orientés parallèlement à l’écoulement du glacier;– la nature pétrographique des éléments grossiers est variée; l’origine de ces derniers peut être locale ou bien lointaine, souvent dénotant un transport dépassant 100 kilomètres;– la forme des cailloux et des blocs varie du fragment de roche non usé au galet très arrondi, façonné par le tourbillonnement des eaux de fonte dans les moulins ou les marmites de géant du lit rocheux;– la présence de formes polyédriques plus ou moins isodiamétriques, limitées par des facettes dues à l’action abrasive du glacier sur les cassures originelles;– la présence de surfaces polies avec des cannelures, des stries (en majeure partie parallèles à l’allongement);– des marques de percussion, de pression (galets impressionnés) ainsi que des troncatures dues aux actions de broyage du glacier;– la matrice contient souvent de nombreux petits fragments de roches dures non altérées ou du quartz finement broyé en «farine glaciaire»;– les grains de quartz montrent au microscope électronique des stries, des cassures conchoïdales et en échelons;– les minéraux sensibles à l’altération sont souvent conservés (pyrite, ferromagnésiens, feldspaths, etc.).L’association de tillites et de dépôts fluvio-glaciaires, glacio-lacustres (varves), voire glacio-marins (paratillites) permet de confirmer le caractère glaciaire de celle-ci.La possibilité de confondre ces tillites avec des coulées boueuses et des turbidites se trouve ainsi grandement diminuée.
Encyclopédie Universelle. 2012.